dessin de C. Bondeux
L'association "Les Heures Musicales de Saint-Martin de Nolay" vous souhaite la bienvenue.

RECITS DE VOYAGES



VOYAGE de l’ASSOCIATION " LES HEURES MUSICALES DE NOLAY"

du 5 au 8 mai 2013

Destination : Le COMTAT VENAISSIN


Le programme proposé et scrupuleusement respecté par Roland Pelletier notre chauffeur, organisateur et organiste fut ‘’truffé’’ de Points d’Orgue que nous pourrions écrire sur notre partition-itinéraire : notamment, le lundi 6 mai, lors de la visite de l’orgue de la Collégiale Saint Didier à Avignon, là où aurait été baptisé Olivier Messiaen. Notre hôte, Mr LAGNEAU avec qui, le soir, nous avons partagé la pizza, est responsable de cet orgue et de celui de Saint Agricol ; un enthousiaste qui ne compte pas son temps ni son dévouement à faire vivre ces deux chefs d’œuvre musicaux.
Vers 21heures de ce même soir, nous avons goûté un moment exceptionnel dans la pénombre de la Collégiale Saint Agricol. Comme si nous étions seuls au monde, Florence et Monique, les deux femmes du groupe, Roland et Daniel, nos deux organistes, Jean-Pierre et Gaby, les deux ‘contemplatifs’, purent à loisir savourer la voix de l’orgue de 1862 de Charles Barker et Verschneider, aux 29 jeux. Tour à tour, silence et sons emplissaient la voûte énorme de la Collégiale, enflaient, rebondissaient, coulaient en fluidité pénétrante. Cette sensation d’être musique n’en finissait pas de nous assaillir : un Point d’Orgue par lequel les organistes se surpassèrent, concentrés et attentifs à la respiration de l’orgue. Il fallait redescendre sur terre… Le retour à l’hôtel ‘’bon rapport qualité-prix ‘’ ! fut joyeux, chantant, heureux que nous étions d’avoir partagé un moment de vie d’une grande intensité émotionnelle.

Et ainsi, il serait possible d’appliquer ce joli dessin de Point d’Orgues à toutes nos visites, car, au dire de Daniel Roy, tous les instruments étaient bons, aucun décevants !
Nos connaisseurs en orgue tentèrent avec patience de nous ‘’initier’’ au langage « organistique » : tuyaux 4 et 8 pieds, anche, positif, bombarde, récit expressif, la tremblante, la voix humaine (une favorite de Florence), la montre (qui n’est pas pour lire l’heure…même si nous en avions eu besoin…mais , à certains moments, nous étions tellement hors du temps !) etc.

Les néophytes de notre groupe écoutaient, fronçaient les sourcils pour comprendre, croyaient comprendre cet instrument grandiose, complexe, technique, d’une précision quasi mathématique, en admiraient les buffets, si différents les uns des autres.

Comment vous décrire l’impression saisissante ressentie à l’entrée de Notre-Dame des Anges à l’Isle sur la Sorgue ? Toute parée de dorures, de bleus pâle et azur, la nef de l’église de forme rectangulaire et l’abside qui abrite l’orgue s’étendent sur 55mètres de long et 27 mètres de large. Il y a tant d’anges qu’ils n’ont jamais été comptés !
La nef abrite des statues allégoriques, œuvre de Jean Péru, grand artiste du Baroque : La Charité, La Justice, la Prudence, la Paix, la Tempérance et l’une très originale : la Virginité embrassant une Licorne que seule une vierge peut apprivoiser, dit-on.
Quant à l’orgue de Charles Leroyer (1648-1649), transformé dans le style italien par Mentasti en 1827, il est accompagné en vis-à-vis d’un ‘’frère jumeau’’, orgue muet, son image-miroir silencieuse, peut-être une symbolique de l’âme-sœur où l’une parle et chante et l’autre écoute !…

Le cas plus sobre de l’orgue de Roquemaure est intéressant à plus d’un titre ; son histoire est bien relatée dans le document très instructif remis au début du voyage. Ce qui est frappant dans l’orgue Jullien de la collégiale Saint Jean-Baptiste est qu’il a voyagé du couvent des Cordeliers d’Avignon où il a été construit en 1690 et s’est donc retrouvé en 1820 avec un nouveau buffet, sur une tribune qui paraît être un peu petite pour lui ; mais le Plein-Jeu provençal de cet orgue fut bien exploré par les trois organistes. Il est évident qu’à Roquemaure, l’amour est à l’honneur, puisqu’elle accueille les reliques de St Valentin ainsi que 4 toiles du Caravage. 
 
Par contraste, la visite suivante du même dimanche 5 mai à Caumont sur Durance fut celle d’un orgue contemporain inauguré en 1995 dont les facteurs sont Pierre Saby et Gerhard Grenzing. Construit au centre de la nef, d’aspect aérien, presque stellaire, il présente un positif discret, de tradition catalane. Très agréable à jouer d’après nos organistes, à l’écouter, il nous a paru plus ‘plat’, moins voluptueux que d’autres, peut-être à cause d’une acoustique se perdant dans les chapelles opposées.

Les Points d’Orgue se succédèrent, jusque tard dans les soirées méridionales ! Découvertes des petites rues avignonnaises, des places recouvertes du feuillage des grands platanes, des tables de café sur les terrasses peu fréquentées cependant à cause des nuits encore fraîches. Chaque jour apporta son lot de surprises, d’étonnement, de belles conversations et de bonnes blagues.

Mais revenons à nos orgues pour un peu de temps encore ! La Capitale du Comtat Venaissin (ce mot suscita parmi les « doctes » du voyage bien des interrogations sur son origine), Avignon, donc, est célèbre pour son Palais des Papes, musée à l’ancienne ‘’Superbe’’ au sens latin du mot, mais qui ressemble à une coquille vide (simple préjugé de l’auteur de ce texte), célèbre aussi pour son fameux ‘’Pont d’Avignon’’ (Non ! Barde ! Tu ne chanteras pas !) et surtout pour son extraordinaire ‘’Orgue Doré’’ du facteur milanais Ludovico Piantanida, construit en 1817-1819.
 
L’année prochaine, cet orgue va disparaître sous une bâche car la cathédrale Notre-Dame des Dom va subir une restauration qui durera trois ans. C’est donc avec beaucoup d’émotion que nous avons écouté chanter ce magnifique instrument. Couronnant le buffet, se tient le roi David jouant la harpe en extase et en ‘’entase’’ (expérience intérieure mystique)…
Un autre Point d’Orgue dans cette visite fut la rencontre de l’organiste titulaire, Mme Antonini, qui, par sa présence dynamique et son accomplissement musical, nous a paru d’une vitalité remarquable. Comme quoi de ‘’danser sur les touches’’ garde jeune !

Dans la même journée où nous avons visité quatre orgues et le Palais des Papes !!!,
Notre-Dame de Bon Secours au Pontet a sans doute compris notre fatigue, surtout après une délicieuse collation arrosée au Baume de Venise, en plein soleil !
La fraîcheur de l’église, la beauté musicale de l’orgue recomposé en 1962 par le facteur Costa de Lodeve et complètement reconstruit par Pierre Saby ainsi que l’accueil bienveillant
de Régis Foucard nous fut bénéfique à tous et toutes.
L’habillage du buffet en vert et or par Vincent Best respecte la tradition provençale. Nos organistes s’en donnèrent à cœur joie à présenter leurs morceaux favoris d’autant plus que Roland fut ‘’projeté’’ en pleine action par caméra interposée sur la grande coupole de l’église !
Mr. Foucard, lui-même bourguignon et ancien compagnon de route de Daniel, fut très touché du cadeau traditionnel du terroir en guise de remerciements, qui d’ailleurs était réservé à tous nos hôtes.

 
L’étape suivante, en ce jour du mardi 7 mai, fut Pernes-les-Fontaines, charmante ville provençale, appelée « La Perle du Comtat ». Sa citadelle carrée au clocheton dentelé rappelle son glorieux passé de capitale du Comtat Venaissin. L’église Notre-Dame de Nazareth date du XIIème siècle. Après bien des remaniements, l’orgue originel de 1593 revêt maintenant les « habits d’or» de son buffet 1771 reconstruit par Antoine Gilbert.
 
L’avant-dernière étape de cette journée déjà bien remplie nous mena à Caromb, dont l’église du XIVème siècle est dédiée à Saint Maurice. La petite ville apparaît des plus tranquilles, presque somnolente et ne semble pas être consciente des trésors qu’elle recèle:
une profondeur de nef de 50m, une largeur de 18m et autant de hauteur qui permettent à ce bel orgue construit en 1701 par Charles Boisselin et restauré en 1978 par Alain Sals d’exprimer clairement tous ces registres; des vitraux modernes qui n’offusquent pas cette belle église de style provençal gothique.

A noter que l’orgue a un seul clavier de 48 notes, un pédalier tout simple à la française en tirasse de 12 notes ainsi que des tuyaux en bois ! Un bijou d’orgue qui est menacé de silence !
Sous la douce pression insistante de notre présidente, Florence, Roland accepta de terminer cette grande journée de visites par un ultime détour qui nous mena au monastère de Sainte Marguerite, retiré, loin des grands axes de circulation. Silence, recueillement, retraite, nature naturelle, caractérisent ce séjour bienheureux : un grand Point d’Orgue : moment intense à la fin d’une célébration !
 
Non loin de là, le village de Suzette offre des panoramas à couper le souffle sur le Mont Ventoux et les Aiguilles de Dentelle.

Dernière étape  et presque dernière page: mercredi 8 mai, nous étions reçus chez Madame de Sévigné ! Rose parmi les roses, pieuse et un tantinet libertine, mère dévouée et courtisane avertie, elle représente « l’honnête femme » de son siècle. 
 
La Collégiale Saint Sauveur édifiée entre 1535 et 1542 est construite à même le rocher, ce qui lui donne un aspect fortifié impressionnant. La Révolution française exhuma le corps de la marquise, d’où cette simple plaque commémorative de son décès le 18 avril 1696.
L’orgue construit par Royer en 1663 subit plusieurs transformations, la plus récente et importante étant celle de 1964 par Ernest Muhleisen qui lui redonne son aspect néo-classique. 

En parlant de vin, sonne l’heure de notre dernier déjeuner dans l’enclave des Papes, à Valréas, au café de la Paix. A ne pas manquer si vous passez par là ! Regardez donc les photos à vous donner l’eau à la bouche ! 
 
Valreas : un autre point d’orgue ! L’église de Nazareth est classée aux monuments historiques et son orgue installé par Antoine Milani date de 1506 ; mais comme tant d’autres orgues, il a subi divers apports jusqu’en 1966 où Ernest Muhleisem (lui-encore) restaure la mécanique et la tuyauterie.

De vigne en vigne et d’orgue en orgue, nous avons franchi les anciennes frontières du Comtat Venaissin ; nous avons traversé les temps passé, présent et futur grâce à ces instruments d’une autre époque, majestueux et parfois solennels, complexes et délicats, toujours vivants grâce à la ténacité de tous ces artistes qui gravitent autour d’eux : les facteurs d’orgues, les accordeurs, les décorateurs, les ébénistes, les sculpteurs et surtout bien sûr, les organistes et les compositeurs. 
 
A tous et à toutes, un immense merci de la part de l’Association des Heures musicales de Nolay ! 
 
Monique Hanley Fourrage


VOYAGE "Au pays de Jan Pieterszoon SWEELINCK


Ils partirent à six, ils étaient huit en arrivant au port d’Amsterdam ! Non, ce n’est pas une boutade, ni le plagiat d’un vers célèbre de Corneille mais la réalité de ces quatre jours qui tinrent presque du miracle grâce à une organisation sans faille de nos amis Jan et Marie DIJKEMA. Mais revenons au commencement…
Chaque année Les Heures Musicales De Saint-Martin de Nolay invitent au voyage tous les membres de l’association qui veulent découvrir le patrimoine organistique d’une région. L’année dernière, notre route des orgues a sillonné la Savoie, cette année, le choix s’est porté sur la capitale hollandaise…

Mardi 8 mai
Nous étions six à rouler vers la gare du Creusot dans le petit matin frais, certains dans leur voiture, d’autres se faisant véhiculer par leur épouse dévouée qui repartait aussitôt vers Nolay. Le bar était fermé, le café chaud et les croissants se sont fait attendre jusqu’à l’arrivée du train. Comme ce dernier avait 15 minutes de retard, la correspondance n’a pu se faire à Bruxelles et nous avons découvert les alentours et la gare du Midi pendant près de deux heures.
Que faisions nous dans cette galère ? auraient pu penser les pessimistes, d’autant plus que le voyage avait failli ne pas se faire parce que nous n’étions pas très nombreux… Mais le moral des troupes n’a pas flanché et, malgré les quelques longs trajets à pied faits sous une pluie battante, nous avons été enchantés de notre séjour, car le programme était exceptionnel.
L’hôtel « JUPITER » petit, propre et tranquille est situé à proximité des trams ou autobus qui conduisent au Centre ville ; il est proche du superbe parc VONDEL (48 hectares de style anglais) ouvert au public en 1865 et qui abrite encore le manège hollandais où l’école d’équitation royale exerce son activité au 140 de la Vondelstraat.
A peine les valises déposées nous partons vers l’université libre où M. Harmen TRIMP va nous faire découvrir l’orgue « Couperin » construit en 1973 par J.G KOENIG et restauré en 2004-2005. Cet instrument placé dans une salle de conférence aux parois de béton brut façonné comme des planches de bois laisse comme un sentiment de froideur mais aussi de puissance. Nous avions attendu un long moment dans le hall de l’université car il y avait avant nous une remise de diplômes et il fallait ôter l’écran qui cachait l’orgue et les micros posés çà et là sur la scène. Nous avons eu tout le loisir de voir passer les étudiants et d’observer les lieux. Oh surprise ! Rien n’est dégradé, les jeunes gens ont l’air décontracté, ils sont souriants. Très sympathique vision de la jeunesse hollandaise. L’université est un grand complexe avec des terrains de sport, des locaux d’habitation, des restaurants, de petits commerces et même un hôpital… le tout dans un cadre verdoyant.
Nous avons juste le temps de filer au restaurant the Basket et nous voilà déjà repartis pour « OUDE KERK » (traduisez : la vieille église). Dédiée à Saint Nicolas jusqu’en 1578, date à laquelle elle fut convertie au culte réformé, elle fut construite en 1309 et remaniée par la suite, notamment au XVIème siècle. Philippe le Beau, fils de Marie de Bourgogne, a financé une partie de la construction de cette l’église.
C’est à Christian WINTER qu’il appartenait de nous présenter les quatre des cinq orgues de cette très belle église. Le premier, un orgue-buffet d’une sonorité charmante avait été conçu pour éviter le paiement des taxes sur les orgues. En effet, lorsque les gabelous venaient faire leur contrôle, on fermait les deux portes et l’orgue se transformait en un simple meuble. Le deuxième, un orgue italien de Nicola PUCINI, réalisé en 2010 apporte sa couleur chaude dans ce lieu chargé d’histoire mais les deux orgues qui vont suivre nous laissent dans un vrai moment de bonheur musical. L’orgue du transept construit en 1658 par Hans Wolff SCHONAT (1614-circa1673) et restauré en 1965 par AHREND et BRUNZEMA (deux facteurs d’orgues réputés, l’un hollandais, l’autre allemand, qui travaillèrent ensemble entre 1954 et 1971) nous transportait dans l’excellence de cet âge d’or hollandais. Enfin, cerise sur le gâteau, il fallait encore découvrir le grand orgue. En voici son histoire :
En 1724 les sacristains de la Vieille Église, passèrent commande d’un tout nouvel orgue au facteur d’orgues Hambourgeois Christian VATER, en remplacement de l’ancien. VATER termina l’instrument en 1726, et les experts en furent particulièrement satisfaits : l’orgue était "par excellence, digne d’éloges et absolument parfait". En 1738, les tours commencèrent à s’affaisser. Les réparations exigèrent que l’orgue soit démantelé, et, au terme des travaux, Caspar MÜLLER se vit chargé de le réinstaller. MÜLLER ne se contenta pas de remettre l’instrument en place, il le modifia radicalement. L’orgue de VATER et MÜLLER resta inchangé dans les grandes lignes jusqu’en 1869. C’est alors qu’il fut modernisé par G.F.H. WITTE. La tendance de l’époque penchait pour une sonorité moins aiguë, plus ronde. WITTE modifia le son, mais pratiquement rien de l’ancien matériau ne fut perdu.
Depuis les transformations effectuées par WITTE, l’orgue n’a plus été modifié.
Le buffet de l’orgue est une conception de Jurriaan WESTERMAN. Au-dessus de l’instrument, se trouve l’ancien sceau de la ville d’Amsterdam, sur lequel ont été apposés une « kogge » (voilier marchand) et les armoiries de la ville munies des trois croix de Saint André.

Jan Pieterszoon SWEELINCK
Jan Pieterszoon SWEELINCK (1562 - 1621) représentait la troisième génération de la même famille d’’organistes de la Vieille Église. Il en resta titulaire jusqu’à sa mort. Lorsque SWEELINCK devint célèbre, la Vieille Église était encore catholique. Peu de temps après, en 1578, arriva la Réforme, et l’église devint protestante. SWEELINCK se mit au service du conseil municipal. Désormais, il ne jouerait plus pendant le service religieux mais avant ou après. De plus, la ville lui demanda de jouer une heure plusieurs fois par semaine. On sait que le poète VONDEL fit partie de son vaste auditoire.
Aux environs de 1606, la renommée d’organiste de SWEELINCK lui valut la visite, à Amsterdam, d’élèves polonais, scandinaves, néerlandais, et surtout allemands. SWEELINCK influença toute une génération d’organistes et devint ainsi l’un des plus importants fondateurs de l’école d’organistes allemande. Sans ces élèves, les partitions pour clavier de SWEELINCK seraient tout à fait méconnues. En effet, ceux-ci emmenèrent chez eux des copies de la musique qu’ils avaient étudiées à Amsterdam. Ces documents furent directement déposés dans les bibliothèques et représentent aujourd’hui la seule source des compositions que SWEELINCK écrivit pour l’orgue et le clavecin. En plus des partitions pour instruments à touche, SWEELINCK écrivit un grand nombre de compositions vocales. Elles furent représentées durant son vivant, surtout à Anvers ; SWEELINCK fut enterré dans le déambulatoire de la Vieille Église où pierre tombale porte le numéro 100.
Dans ce lieu prestigieux, Daniel Roy retrouvait le souvenir d’un disque fétiche enregistré sur cet orgue… pouvoir jouer de cet instrument était comme un rêve accompli, un moment magique dans la vie d’un organiste… En prenant le tram n° 1 pour rejoindre notre hôtel, nous étions encore sous le charme de cette visite et Daniel vibrait encore d’émotion.

Mercredi 9 mai
Ayant quartier libre en début de la matinée et profitant du soleil qui nous souriait, certains poussèrent une pointe jusqu’au Vondel Park. A 11H nous étions prêts à partir en deux voitures l’une conduite par Jan et l’autre par son fils pour nous rendre à Zaandam, ville de quelques 100.000 habitants, autrefois banlieue verte d’Amsterdam où Monet avait résidé en 1871 et peint plusieurs paysages de moulins ou de pavillons de thé le long de la rivière Zaan.
Nous nous arrêtons à l’église de la Société Apostolique (église réformée de rite ménonite) où Bas WESTERHOF interprète des pièces de SWEELINCK, MOZART et KELLNER (fils). L’église, construite en bois en 1668, a une sonorité chaleureuse qui convient tout spécialement au jeu des flûtes. L’orgue, construit au 18ème est presque dans sa composition d’origine.
Mais déjà il faut rejoindre l’église Saint Boniface où nous attend, dans la maison paroissiale attenante, un lunch « à la hollandaise » que nous offrent Bas et sa mère. Grand verre de lait, sandwichs de pains aux céréales et café… Bas WESTERHOF, son titulaire, joue pour nous : BACH, HAYDN et BOËLY.
Nous repartons ragaillardis vers l’église suivante à Assendelft…qui est désaffectée mais abrite la Manufacture FLENTROP. Reçus par son directeur adjoint, Eric WINKEL, nous allons découvrir le beau buffet d’un orgue en commande pour une église allemande. Photo interdite mais explications nourries d’exemples pour nous faire comprendre tout le travail minutieux de restauration de l’instrument à partir des éléments (tuyaux) anciens. Les plus courageux grimpent par des échelles vertigineuses vers le sommet de l’instrument, les mélomanes restés à terre admirent ses belles tonalités. Trois petits tours et il est l’heure de revenir à Amsterdam car vers 18h le programme prévoit un tour en bateau dans les canaux et le port.
Le soleil a le bon goût de se souvenir de nous au moment où nous embarquons, si bien que la balade nous fait voir la capitale hollandaise « comme sur les photos » ! Une voix multilingue et pré-enregistrée nous explique que la crise du logement a fait surgir tout le long des canaux des péniches et embarcations de toute taille et de tout confort pour une population en plein essor. C’est un spectacle coloré et vivant. Nous côtoyons les belles maisons des patriciens à façades étroites (d’une largeur de 30 m imposée par les édiles du siècle d’or) ornées de frontons baroques dont les blasons et les pignons expriment seuls la personnalité de leurs propriétaires tandis que l’obligation d’utiliser la brique et la pierre comme seuls matériau donne une remarquable unité à l’architecture. Les canaux sont bordés d’ormes ou de peupliers ; les voitures stationnent le long des rives et les barrières de métal installées pour éviter tout accident n’empêchent cependant pas le repêchage d’une voiture par semaine ! De l’ancien quartier juif, il ne reste que les synagogues que nous ne verrons pas mais nous longerons l’Hôtel de Ville qui a été construit sur l’ancien quartier. Les canaux s’enchaînent, le bateau tourne dans un impressionnant tourbillon, s’arrête pour nous montrer la vue sur une perspective de 7 ponts croisant 7 canaux aux noms tous terminés par « gracht »(cht en néerlandais n’a pas d’équivalent en français mais essayez de vous exercer en prononçant arh’t sans rouler le r si vous voulez être compris…).
Bientôt nous entrons dans l’ancien port, nous croisons un grand voilier et soudain, surgit devant nous la construction en forme de navire d’un musée (le NEMO : le musée scientifique d’Amsterdam) posé sur les fondations du tunnel pour cacher l’entrée de l’autoroute. Créé par l’architecte Renzo PIANO, le bâtiment est aussi une esplanade qui accueille sur sa toiture en terrasse des promeneurs qui ont une vue extraordinaire sur Amsterdam. Encore quelques virages et nous sommes revenus à notre point de départ pour retrouver la terre ferme et un charmant restaurant en bordure d’un canal.
Nous avons ensuite soirée libre… mais avec un bel ensemble nous reprenons la ligne 1 pour rentrer à l’hôtel… nous avons beaucoup marché… il est temps de nous reposer.

Jeudi 10 mai
8H30 ! De bon pied, de bon matin, nous voici à l’arrêt du bus où Marie et Jan nous rejoignent. Nous filons sous une pluie battante jusqu’à Sloten, joli village situé à la limite de la commune d'Amsterdam, tout près du canal de ceinture du polder d’Haarlemmeermer. Nous allons y visiter successivement l’église, puis le moulin.
Dans la Sloterkerk qui est une église protestante, d’une architecture un peu austère et construite en brique avec un curieux clocher de pierre. A l’intérieur, les murs peints de couleur claire diffusent une lumière douce. Des coussins en tissus assorti aux boiseries apportent une touche de confort raffiné dans les stalles. Au mur, des panneaux (composés par notre ami Jan) donnent tous les noms des organistes qui ont été titulaires. De beaux lustres de cuivre rappellent les ors du buffet. L’orgue nous est présenté par son titulaire David SCHLAFFKE. L’instrument construit en 1851 et par Hermanus KNIPCHEER II, modifié en 1934 par VERWEIJS sera restauré en 1980 par LEEFLANG puis en 2006 par FLENTROP. Après avoir écouté avec joie Roland, Daniel et Jan nous nous dirigeons vers le moulin pour une visite guidée.
Ce moulin, qui est le seul moulin d'Amsterdam fonctionnant encore et ouvert au public nous permet de mieux comprendre le rôle des moulins hollandais dans l’économie du pays et notamment dans la création et la consolidation des polders par la régulation des niveaux de l’eau sur les terres.
Un bon déjeuner à la « Lune croissante » en face du moulin va nous permettre d’aborder l’après-midi car la journée va être longue. Nous avons une visite guidée du centre d’Amsterdam avec Adriaan DEURLOO, historien, puis la visite de Nieuwe Kerk de Dam suivie d’ une collation rapide avant le concert que Roland PELLETIER et Daniel ROY vont donner à l’église DE ARK… Il y a soudain pendant la visite des rues un grand moment de lassitude. Les jambes sont lourdes, les pieds endoloris ; mais tout repart allégrement et nous voilà ragaillardis après une petite halte au soleil près de la Nieuwe Kerk. Nous y rejoignent Bernard WINSEMIUS et sa femme. Puis nous entrons dans l’église en passant par la salle du café où nous étions assis ! L’église n’est plus un lieu de culte mais sert aux grands événements : mariages ou enterrements de la famille royale. C’est un lieu imposant avec un plafond en bois en forme de voûte, des grilles d’autel en cuivre, des vitraux émaillés datant du 17ème siècle, une chaire en acajou sculptée impressionnante par les détails du moindre élément et qui dénotent la virtuosité de VINCKENBRINK qui l’a réalisée en 1649. Le buffet de l’orgue date du 17ème. On doit l’instrument à Johannes WOLFGANG. L’orgue sera régulièrement entretenu, modifié au 19ème mais à partir de 1970 l’instrument sera reconstruit par la firme MARCUSSEN pour le remettre tel qu’il était avant la restauration de BÄTZ en 1840. Il sera inauguré le 8 novembre 1981 par l’inoubliable Gustav LEONHARDT.
Chacun de nous s’est installé dans la nef impressionnante soit dans des stalles surélevées construites pour les notables, soit près de l’autel, soit enfin près du buffet de l’orgue pour savourer une musique ample et puissante… moment de sérénité, moment de bonheur… "oh temps suspend ton vol…". Mais non ! Lamartine n’aura pas raison, il faut se hâter pour vivre pleinement le "point d’orgue" de notre voyage, le concert que Daniel ROY et Roland PELLETIER vont donner à l’église « de Ark ». Nos organistes bourguignons, un peu tendus, ont l’estomac noué ; ils dînent presque par obligation avant d’aller répéter sur cet instrument qu’ils ne connaissent pas et dont ils doivent étudier toutes les sonorités pour interpréter leur programme.
L’orgue de FLENTROP est moderne mais sa sonorité est pourtant puissante pour une église qui n’est pas très grande… Nous entendrons d’abord Daniel dans un répertoire qui s’étend du XIVème anglais au XVIIIème allemand puis Roland interprétera une toccata en ré de SWEELINCK suivies d’œuvres de musiciens de différents siècles jusqu’à l’époque moderne en terminant par le Choral Cistercien de Jehan ALAIN. Le programme est très éclectique parfois surprenant mais le public ne s’est pas trompé en applaudissant longuement nos artistes : le concert est très réussi. Et Jan DIJKEMA qui avait présenté les Heures Musicales de Saint-Martin de Nolay, les musiciens, les œuvres interprétées avait su préparer le public pour qu’il accueille la délégation avec beaucoup de chaleur. C’est ainsi que nous avons partagé le verre de l’amitié avant de rentrer fourbus mais heureux à notre hôtel.

Vendredi 11 mai
Pas question de traîner au lit… Les bagages doivent être faits… et à peine la dernière goutte de café est-elle bue que nous filons à la consigne de la gare pour y déposer nos valises. Car nous avons encore deux églises et deux orgues à voir et entendre avant le déjeuner et le concert de 13H à la Westerkerk. La première, Amstelkerk, a été construite en 1670. Au 19ème elle a été transformée, enrichie d’un orgue puis récemment a changé d’affectation pour accueillir les bureaux d’une société de rénovation de la ville. Sa cour, couverte, est utilisée de temps en temps pour des concerts (un grand piano à queue trône au milieu de l’ensemble). Pendant que nos organistes découvrent les claviers, il y a un va et vient constant de gens qui longent les galeries des étages, viennent se servir un café dans une salle intermédiaire ou traversent la cour sans se soucier des sons qui emplissent tout l’espace.
La seconde église dite « De DUIF » (La colombe) est consacrée à St-Wilirbrod. Construite en 1858 sur ce qui avait été une raffinerie de sucre, détruite jusqu’à ses fondations à la suite d’un incendie ravageur c’est une église néo-baroque, sobre mais belle, qui se dresse à côté du canal Prinsengracht. L’orgue est dû au facteur SMITS en 1862 . Entre 2004 et 2006 les sociétés ELBERTSE et FLENTROP ont fait une restauration complète et l’orgue a retrouvé sa disposition originale. Il est particulièrement adapté à la musique romantique.
Nous avons à peine le temps d’écouter son titulaire et nous voilà repartis vers la Westerkerk pour un concert de 13H, donné au profit de la maintenance des orgues… C’est à Geerten van de WETERING que nous devrons d’écouter des œuvres de SWEELINCK, BACH et LANGLAIS…
Édifiée entre 1620 et 1638 sur les plans de Hendrik de KEYSER l’église de l’ouest (Westerkerk) constitue un bon exemple du style Renaissance hollandais et le chef-d’œuvre de son architecte. Son clocher qui s’élève à 85m est surmonté de la couronne impériale accordée à la ville par Maximilien d’Autriche. Les cloches ont été fondues par les nazis (et remplacées depuis) ; elles étaient le seul contact avec le monde extérieur pour la petite Anne FRANCK cachée dans une maison toute proche. En 1669 REMBRANDT fut enterré à la Westerkerk et la reine Beatrix y épousa Claus von AMSBERG en 1966.
Cette église, construite après la Réforme, surprend par son extrême dépouillement. Seuls les panneaux peints par Gérard de LAIRESSE décorant l’orgue principal en atténuent la froideur. C’est à Roelof Barentszn DUYSCHOT que l’on doit la construction en 1686 de l’orgue principal.
Un deuxième orgue se trouve dans le chœur. Il a été construit en 1963 par la Manufacture FLENTROP (grand frère de celui de l'église De Ark) à la demande du pasteur H.A. VISSER (1911-2006) qui souhaitait un orgue plus petit pour accompagner des cantates de BACH.
Nous restons encore un peu dans l’église à la fin du concert, certains pour parler avec l’organiste, d’autres pour visiter l’église où se trouve également une curieuse sculpture due au sculpteur Hans 't MANNETJE qui figure un buisson ardent où chacun peut s’associer quelque soit sa foi en mettant une bougie. Et déjà le tram nous emporte vers la gare où nous attendent nos bagages.. Le soleil brille et nous avons encore le temps de prendre le verre de l’amitié au bord de l’eau avant de prendre congé de Jan et Marie… un ban bourguignon s’impose pour les remercier et hop nous sommes dans le train de retour. A la gare du Nord à Paris nous devons prendre l’autobus. Jean-Guy Monnot distribue des tickets et s’aperçoit qu’il a été dépouillé de son portefeuille… vivent les grandes villes! (heureusement il le retrouvera quelques jours après, délesté des espèces qu’il contenait).
A notre arrivée au Creusot nous sommes heureux de retrouver notre terre bourguignonne et d’avoir vécu ces quatre jours inoubliables. 
Anne-Marie De Maigret




VOYAGE DANS LE DUCHE DE SAVOIE DU 2 AU 5 JUIN 2011

JEUDI 2 JUIN
Après quelques heures de voyage, les groupe s de Beaune et des Normands se retrouvent à La Roche sur Foron. Située à 35 Km au Nord d’Annecy, la petite ville se situe sur un énorme rocher au sommet duquel fut construit le donjon de l’ancienne forteresse des comtes de Genève. Après un déjeuner Savoyard,direction Église Saint Jean Baptiste.
Construit en 1861 par Gio Franzetti, facteur d’orgue à Intra, l’orgue classé monument historique en 1984 a été restauré en 1993 par Michel Giroud et inauguré le Samedi 16 Octobre 1993 par Pierre Perdigon,organiste et professeur au Conservatoire de Grenoble. Cet instrument comporte un clavier unique de 61 notes, coupé en basses et dessus ; le sommier est « à ressorts », la mécanique traditionnelle ; le pédalier a été reconstitué à l’italienne. Seul orgue de facture Italienne en Haute Savoie, sa restauration lui redonna toute sa vérité historique. Monsieur Jardez, titulaire nous a fait un charmant accueil et nous a expliqué toutes les « ficelles » de cet instrument.
Le temps nous étant compté, il fallait reprendre la route sur Annecy ou l’orgue de la Cathédrale nous attendait.
ANNECY CATHEDRALE SAINT PIERRE
Quelques dates :
1840-1842 :construction du grand orgue par Nicolas-Antoine Lété, facteur d’orgues du Roi des Français.
Le somptueux buffet, de style Louis XIV, a été réalisé par les frères Gilardi d’Annecy. Le buffet a été classé le 24 Mars 1972 et l’instrument le 15 Fevrier 1980.
En 1986-1987 l’orgue fut démonté et transporté dans les ateliers de Michel Giroud (Isère). En 1992 remontage sur une tribune totalement restaurée et en Novembre 1994, Louis Robillard l’inaugurait.
Cet instrument permet de jouer avec bonheur la musique classique Française ainsi que Mendelssohn, Brahms, Boely etc… Afin de terminer cette première journée, tout le groupe rejoint une bonne adresse pour un diner bien mérité.

VENDREDI 3 JUIN 2011
Départ pour MANIGOD (Haute-Savoie). Situé au cœur du massif des Aravis, le village est structuré en hameaux et l’hiver se transforme en station de ski. L’église Saint Pierre de type sarde, agrandie en 1882, conserve une façade baroque du XVI°siècle et abrite un orgue flamboyant de style Italien construit en 1996 par Mr Barthélémy Formentelli, facteur d’orgues près de Vérone en Italie (coût :1Mio FF.). Cet orgue de 22 Jeux de style Italien est équipé de 2 claviers et d’un pédalier complet. Après une présentation de l’instrument, nos amis ont présenté quelques pièces. Il était temps de redescendre de ce sommet pour aller visiter la "Coopérative du Reblochon Fermier" à Thônes.
D’après des locaux,cette coopérative est la meilleure de la région. Jouxtant le bâtiment,une belle auberge « La Gloriette » nous attendait pour un déjeuner bien mérité !! Tenant notre horaire, direction Villards-sur-Thones.
Quelle surprise nous attendait : l’organiste du village, Monsieur Mermillod, fut en fait le constructeur de ce magnifique instrument !! A la base ébéniste, Mr Mermillod a découvert par hasard en 1970 la bible des facteurs d’orgues écrit par Dom Bedos et va consacrer 40 ans de sa vie à la construction de son chef d’œuvre. Récupérant des bois anciens trainant dans les greniers des alentours, frêne, ébène, noyer etc… Mr Mermillod se mit au travail suivant scrupuleusement les données techniques fournies par Dom Bedos et le 31 Juillet 2011 l’inauguration de son instrument a surement été l’apogée de sa vie. 30 Jeux sur 3 claviers, 2100 tuyaux Seule consolation pour cet artiste hors du commun, il a été fait Chevalier des Arts et des Lettres par l’ancien Ministre de la culture, Catherine Tasca.
Il était temps de repartir vers les sommets : l’orgue du Grand Bornand nous attendait. Commune située entre le massif des Bornes et la chaine des Aravis, cette localité est plutôt connue comme station de ski L’église a connu divers incendies au cours des siècles et a été en fait complètement reconstruite en 1877. Le facteur Michel Giroud reçoit en 1988 la commande d’un instrument qu’il construisit entièrement dans l’esprit du 17ème siècle.
Les bois nobles locaux ont été utilisés tels le chêne massif, le pin, le poirier pour composer un buffet de Cinq éléments distincts et les décors sculptés juxtaposent toutes ses essences diverses.
Un diner fut lui aussi improvisé à Annecy pour clore cette grande journée.

SAMEDI 4 JUIN
Direction Saint Pierre d’Albigny. L’organiste nous présenta ce nouvel instrument de style Thuringeois construit par la manufacture d’orgue Dominique Thomas. Cet atelier s’intéresse depuis longtemps aux différentes traditions de facture d’orgue du centre de l’Allemagne au 18ème siècle. Signalons que cet atelier a également construit des instruments à Leffe, Spa, St Pierre à Blois, le Bouclier à Strasbourg etc… La caractéristique de cet orgue est "gravité et expressivité". Selon Martin Gester, les organistes Allemands veulent avant tout : émouvoir, remuer les âmes et les élever. Pour la composition de l’orgue de St Pierre d’Albigny, D.Thomas s’est inspiré de l’orgue de Mulhausen et des transformations que J.S.Bach y avait effectué. Pendant une demi heure, l’organiste titulaire nous a présenté, jeux après jeux son instrument .
Des extraits de pièces de D. Buxtehude, JS Bach, G.Frescobaldi nous en démontrait les qualités : 2 claviers de 56 notes avec Pédale de 30 notes, 1187 tuyaux. Inauguration en 2010.
Avec ses jeux « baladeurs », cet orgue permet astucieusement d’utiliser ses 18 jeux comme s’il en contenait effectivement 29 !!
Tout proche le Restaurant des Trois Vallées nous attendait pour un déjeuner réparateur !
Mais il ne fallait surtout pas terminer ce repas sans faire un détour par Saint Jean de la Porte non à l’église mais au Domaine des Vins de Savoie. Accueil sympathique et dégustation des différents vins régionaux avec modération bien sur pour retourner sur Chambery.
Là nous attendait au pied du Château un concert de carillon précédant notre visite du soir à la Cathédrale. Ancienne chapelle Franciscaine édifiée au XVème siècle, elle est devenue la Cathédrale Saint François de Sales en 1779. L’orgue a été construit par le facteur Augustin Zeiger dans les années 1847. C’est lui-même qui a inauguré cet instrument.
En 1960, le facteur Parisien Gonzalès obtient le marché de restauration sans aucune mise en concurrence et en 1988 l’orgue fut classé Monument Historique. En 2001 la commission Supérieure des orgues se décide pour une reconstruction complète devenu inutilisable et Pascal Quoirin effectue la réfection de tout l’instrument. L’orgue de la Cathédrale de Chambéry est un orgue romantique et non symphonique. Il compte aujourd’hui parmi les plus beaux instruments de la Région. Son titulaire Thibaud Duret, très jeune 1er prix d’orgue à Lyon en Juin 2011, nous a accueillis très simplement et avec chaleur pour nous faire partager sa passion, et son instrument, après la fermeture de l’édifice au public. C’est donc en nocturne que nous avons tous profité de ces instants magiques.
On ne pouvait quitter Chambéry sans un diner en vieille ville avec T. Duret qui nous a fait le plaisir de nous accompagner.

DIMANCHE 5 JUIN 2011
Visite surprise : lors de notre séjour à St Pierre d’Albigny, la titulaire de l’orgue nous avait parlé d’un petit orgue qui n’était pas à notre programme et dont elle s’occupait. A Aix-les Bains se trouvait une ancienne Église Anglicane : Saint Swithun. Aussitôt proposé,aussitôt accepté. Construite en 1869 cette petite église avait en fait été fréquentée par la Reine Victoria lors de ces séjours de cure dans cette ville. Propriété de la ville depuis 1977, cet orgue a été construit par un facteur Anglais « A.Hunter and Son » en 1886, 22 jeux sur 2 claviers et pédalier.
Si l’état de l’instrument laissait à désirer, le plaisir de jouer n’en fut pas affecté !!
Après déjeuner auprès de l’Église (meilleure table ??) notre dernier RV fut pour Notre Dame d’Aix les Bains. Accueillis par son titulaire dont la description de l’instrument fut tout à fait intéressant, nos amis organistes nous prodiguèrent leurs dernières pièces.
Construit en 1908 par Carl Theodor Kuhn (après le décès de Joseph Merklin en 1905), il a subi une dernière restauration en 1977 par le facteur Dunand de Lyon. Ce dernier a rajouté un plein jeu et retouché le plein jeu du G.O.

Après ces grands moments de musique, il était malheureusement temps pour la troupe de reprendre la route du retour vers la Bourgogne et la Normandie. Ce fut 3 journées magnifiques, des instruments à voir (et revoir). L’ambiance chaleureuse a régné tous ces jours et nul doute que chacun attendra avec impatience la découverte d’autres merveilles. Remerçions Roland pour toute l’organisation sans faille et tous ses contacts locaux qui nous ont permis d’étudier dans tous les détails les instruments visités.
Alain ROUSSEAU 


Voyage dans le Loiret  22 au 24 mai 2010

Notre association avait organisé du 22 au 24 mai 2010 un voyage découverte des orgues à Orléans et alentours.
Partis de Beaune le samedi matin, nous avons retrouvé quelques autres amis venus de Paris et de Normandie sur l'esplanade du château de Sully-sur-Loire.
Magnifique forteresse médiévale, demeure des Ducs de Sully, notre fin de matinée commençait par la visite de ce monument particulièrement riche en histoire.
Après un déjeuner dans le centre ville, départ pour Lorris situé à environ 30km de Sully-sur-Loire.
Lorris, ville royale depuis le XIIème siècle.
Les historiens nous fixent la première construction de l'orgue de Lorris en 1501 sous le règne de Louis XII.
Tout le groupe fut subjugué par cet instrument et nos amis organistes s'en sont donné à cœur joie.
Tout ayant une fin, nous reprenons la route direction Orléans mais un arrêt surprise avait été prévu à environ 20km de Lorris au lieu dit "Les Six Routes".
Cet arrêt champêtre, au milieu de la forêt d'Orléans, nous permettait d'avoir toutes les informations sur ce massif domanial. Un éminent membre de notre groupe nous distillait les explications nécessaires dans un style brillant.
Malheureusement, il fallait bien poursuivre notre route sur Orléans où nous nous installions à l'hôtel Ibis, très bien situé en centre ville.
Pas de temps pour un léger repos, départ pour le Théâtre où un concert Mahler nous attendait avec une très belle prestation de l'Orchestre Symphonique d'Orléans sous la direction de Jean Marc Cochereau.
Après ce beau concert; il devenait urgent de reprendre des forces et le "Café du Théatre" nous ouvrait ses portes.
Après un excellent dîner, une surprise nous attendait : la musique était rejointe par le sport : en effet dans l’après-midi, l'équipe de rugby du Stade Toulousain avait remporté le championnat européen.
Le lendemain matin, nous avions rendez-vous à l'église Saint-Aignan, l'une des plus vieilles églises d'Orléans. L'orgue nous fut grand ouvert. Quelques beaux morceaux distillés par nos amis organistes, dans un cadre vétuste, cette église devant subir des travaux importants de rénovation. L'orgue, par contre ne se porte pas trop mal.
Après ce mini-concert, marche et découverte d'une excellente table "La Petite Marmite" afin de reprendre des forces.
Vite, il fallait repartir pour l'église Saint-Marceau afin de contempler le magnifique instrument signé Aubertin. Malheureusement, le titulaire était absent, l'orgue restait muet. Dommage!
Afin de ne pas rester sur un échec, direction Saint-Laurent où après quelques négociations, le titulaire permettait l'accès à la tribune et donnait son accord pour permettre à certains de jouer un peu.
Bonne musique naturellement et retour à l'hôtel où un repos bien mérité devenait urgent.
Le lundi 24, départ presqu'à l'aube pour la Cathédrale Sainte-Croix d'Orléans où le Cavaillé-Coll nous attendait. Grande matinée de musique terminée sur l'orgue de chœur, également signé Cavaillé-Coll.
Tristement, il fallait quitter Orléans pour Pithiviers. Un déjeuner frugal nous attendait "Au relai de la Poste". Cela nous permetait de tester la spécialité locale, évidemment le Pithiviers.
Mais un trésor nous attendait à la Collégiale Saint-Grégoire. Signé Cavaillé-Coll, ce magnifique instrument compte 49 jeux dont 24 sont authentifiés Isnard. Orgue sonnant bien français comme son oncle celui de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume mais également romantique. Chacune des deux esthétiques ayant leur propre tempérament et identité. Deux mondes musicaux en un lieu, en un instrument. Classé monument historique en 1962, le buffet l'a été en 1914.
Comme il n'y a de bonne compagnie qui ne se quitte, après les dernières embrassades, il fallait bien se quitter et reprendre la route du retour.
Je ne pourrai terminer ces quelques lignes sans rappeler tout le travail effectué afin d'organiser au mieux ce voyage et remercier tous nos contacts locaux qui ont permis la découverte de tous les instruments.
Alain Rousseau. 

  
VOYAGE « SUR LES PAS DE BACH" 29 avril au 3 mai 2009

Je vous quittais l’année dernière sur les premières réflexions d’organisation d’un nouveau voyage. Eh bien, nous y voilà ! Et cette année, marquera un tournant dans l’organisation de cette activité pour notre association. Nous avons vu grand : dans la durée (5 jours), dans l’éloignement (1 000 km) et dans le nombre de participants (27 soit 3 minibus). Nous avons attiré aussi bien localement que régionalement et plus loin encore (région parisienne et nord de la France). Il faut dire que le programme était également un peu différent : découverte des lieux importants où vécut Bach, visites diverses dans le domaine musical et concerts. Bach, par l’importance de son œuvre dans l’évolution musicale, fait partie des quelques compositeurs capables de toucher tous les publics que l’on soit auditeur occasionnel de musique ou pratiquant assidu de la musique.
Ce voyage pourrait se découper comme une suite de l’époque baroque : 3 mouvements centraux : ‘jeunesse de Bach’ ‘Autour de Bach’ ‘Victoire de la Musique’ le tout encadré d’un prélude et d’un postlude le tout se terminant par une coda brillante.

PRELUDE
Le comité d’organisation était un peu tendu le matin du départ face au défi de réussir ce voyage. Et si la première partie se passait sans encombre la pause repas apportait ses premiers désagréments : sous une fine pluie, 6 places assises seulement pour 27 personnes et un pique-nique à distribuer. Mais, une bouteille de bourgogne partagée (avec modération !) permettait d’oublier ces conditions défavorables. Weimar était notre première ville étape. Le repas du soir allait nous donner l’occasion de vérifier en une seule fois la puissance d’Internet et la convivialité allemande. En effet, le restaurant situé dans un petit village au bout d’une petite rue étroite (ah ! les joies des manœuvres avec les minibus dans ce type de rue !) avait été choisi sur internet. Les contacts par mails avaient été chaleureux : ils nous avaient indiqués le plaisir qu’ils auraient à recevoir un groupe français et à lui faire découvrir les spécialités culinaires thuringiennes. Mais qu’elle ne fut pas notre surprise de découvrir que, sans nous connaître autrement que par les échanges de mails, ils nous avaient réservé l’intégralité de leur restaurant pour la soirée. Ce soir là, allait débuter une activité importante dans la réussite de notre voyage : la traduction pour les non germanistes ou ceux dont les restes estompés d’un enseignement scolaire ne permettait de suivre les finesses de la langue de Goethe colorée de l’accent local. Qu’il me soit permis ici de remercier au nom de tout le groupe, Marie qui a assuré cette charge avec gentillesse et beaucoup de maîtrise. Au terme de cette première journée, le groupe ne pouvait se séparer sans avoir été recherché dans la ville de Weimar un premier contact avec l’esprit de Bach. Sous la pauvre lumière d’un éclairage blafard hérité de l’ex-RDA, une plaque sur un mur (dernier vestige de la maison où vécut le grand musicien) et un buste sur piédestal contre le bâtiment d’en face constituaient un maigre butin. Cela permettait toutefois les premières photos souvenirs et aiguisait l’appétit pour les journées à venir.

JEUNESSE DE BACH
Nous avions choisi pour illustrer cette période 2 communes : Eisenach (la ville de naissance) et Arnstadt (le premier emploi d’organiste). Pour plus de commodités, nous démarrerions la journée par Arnstadt. Le temps était venu de mettre nos pas dans ceux de Bach. Le premier contact avait lieu dans l’église qui porte depuis 1935 le nom de Jean-Sébastien Bach Kirche.
Bien sur l’instrument sur lequel joua le maître n’est plus là, Arnstadt ayant suivi, comme beaucoup d’autres, aux charmes des évolutions techniques et esthétiques. Cependant, afin de fêter le 250ième anniversaire de sa naissance, l’orgue de Bach a été reconstruit à l’identique sur une deuxième tribune au dessus de celui en place. On a même pu, grâce au travail d’identification des pièces d’origines reprendre l’ensemble des éléments de l’orgue d’origine réutilisés lors des modifications du XIX° siècle. A la sortie de cet édifice, une statue allait soulever beaucoup d’interrogations. Il s’agit là encore d’un hommage de la ville à Bach. L’artiste a choisi, à l’opposé de toute les représentations officielles nous montrant le musicien dans un age mur, le regard dur et la tête coiffée d’une perruque, de le représenter jeune s’apprêtant à partir à pied pour Lübeck pour y rencontrer Buxtehude. L’allure du personnage semble très désinvolte et a, nous a-t-on dit, provoqué une polémique lors de sa mise en place.
Il nous restait à découvrir le seul immeuble restant dans lequel Bach a vécu : il s’agit de la maison de sa tante dans laquelle la famille aimait à se réunir. Ouverte depuis peu au public, nous y avons été reçu par la directrice qui a consacré une heure de son temps à nous restituer l’histoire de cette maison et de la vie de Bach à Arnstadt alors que nous arrivions à l’improviste.
L’étape de l’après-midi consistait en la visite du musée située dans la Bach-Haus à Eisenach. Cette demeure a longtemps été considérée comme la maison de naissance de Bach avant que des études dans les archives municipales ne contredisent ce fait. Datée cependant de l’époque de Bach, elle renferme entre autre le seul objet dont on peut confirmer l’appartenance à l’illustre personnage : une coupe de cristal gravée avec son monogramme ainsi qu’une énigme musicale. La visite permet de replonger dans l’ambiance de la vie de cette époque aussi bien domestique que musicale. On peut même y entendre jouer des instruments (positif, clavicorde…) de cette époque. Quelle image que celle de Daniel, non pas au clavier du positif mais aux cordes du soufflet essayant de suivre le besoin en air de l’instrument sous les doigts de l’interprète.
Il était temps de rejoindre Leipzig pour nous y installer pour les 2 jours à venir.

AUTOUR de BACH
Cette journée commence par un clin d’œil : nous croisons le maigre défilé haut en couleur du 1er Mai. Il semble loin le temps des parades officielles de l’ancien régime…
Mais dépêchons nous : nous sommes attendus à la maison Mendelssohn à quelques pas du Gewandhaus. Le directeur (je vois d’ici quelques souvenirs émus parmi nos visiteuses), heureux de recevoir un groupe français se déplaçant jusqu’à Leipzig, nous fait l’honneur de nous consacrer sa fin de matinée. Après un exposé très passionnant dans le salon de concert, il nous gratifie d’une visite commentée complète de son musée. Mais me direz-vous : que vient faire Mendelssohn dans un voyage autour de Bach ? Il faut se replonger au début du XIX° siècle. Bach n’est plus joué, victime des modes esthétiques. C’est alors que Mendelssohn, aidé de quelques amis musiciens va ressortir de l’oubli l’œuvre de Bach. Après un travail acharné dans les bibliothèques à recopier sur des cahiers (visibles dans le musée) l’ensemble du matériel vocal et instrumental sur les originaux, il va redonner à entendre les grandes oeuvres (passions, messe en si, cantates ….). Dés lors, des éditions intégrales seront lancées qui perdureront jusqu’à nos jours. Autre particularité à découvrir dans ce musée : les talents de peintre de Mendelssohn à travers une série de tableaux peints lors d’un voyage en Suisse (remarquable).
L’après-midi était consacré au facteur d’orgue Silbermann qui a beaucoup échangé avec Bach dont on connaît la passion pour tout ce qui touchait à la facture instrumentale. En premier lieu, nous visitons le musée Silbermann à Frauenstein. Nous allons pouvoir y toucher un instrument à l’identique de celui que possédait le facteur chez lui. L’instrument est modeste : un seul clavier, pas de pédalier. Mais pour un instrumentiste, toucher pour la première fois un instrument qu’il ne connaît pas provoque toujours un frisson de plaisir et les occasions de jouer sont plus rares en Allemagne qu’en France. Après cet entrée en matière, nous sommes attendus à quelques kilomètres de là afin de découvrir l’instrument le plus imposant (44 jeux 3 claviers) et le plus réussi acoustiquement de Silbermann. Il se situe à la DomKirche de Freiberg. L’église possède même deux orgues avec un plus modeste au dessus du chœur. Le doublon est d’ailleurs de mise dans cette cathédrale, puisqu’elle possède également 2 chaires dont une chaire-tulipe en pierre ciselée remarquable. Nous avons droit à une présentation-récital très brillante faisant sonner alternativement les deux instruments. Puis notre guide va inviter deux personnes à le rejoindre à la tribune pour jouer l’instrument. Deux chanceux me direz-vous. Soit ! Mais imaginez-vous monter à la tribune d’un orgue aussi remarquable où vous allez succéder à des générations d’interprètes brillants le temps d’un instant. Et sans préparation, puisque nous ne devions pas jouer. Je pense que cet instant restera gravé dans leur mémoire.

VICTOIRE DE LA MUSIQUE
Au moment d’écrire ces lignes, le souvenir que je garde de notre dernière journée à Leipzig est celle d’un grand crescendo. Il va démarrer par la visite du Musée des instruments. Une collection splendide d’instruments anciens jusqu’au début du XX°. Par choix, le musée ne présente pas les instruments modernes ou électro-acoustiques. Personnellement, j’avoue le plaisir que j’ai eu à partager avec quelques néophytes, les quelques connaissances que j’ai glanées lors de mes pérégrinations musicales. La rareté de certains instruments (créés mais jamais joués), la beauté d’autres (clavecin peint du XVI ou orgue positif italien doré) l’inventivité d’autres encore (le piano-orgue permettant à partir d’un même clavier de jouer un piano ou un orgue en décrochant juste une manette) Que d’images se bousculent. On aurait pu rester là de très longues heures. Mais la journée était loin d’être finie.
Un repas rapidement absorbé et nous nous retrouvions devant l’église St Thomas. Celle où Bach avait fait entendre tant de ses œuvres. Nous allions assister au concert donné tous les samedis après-midi. Je ne devrais pas utiliser le terme de concert. En effet, même si l’on paye un droit d’entrée (minime 2€), il s’agit plutôt d’une méditation spirituelle mêlant musique, prière et commentaires du pasteur en chaire. Le programme ce samedi était axé exclusivement sur Max Reger avec entre autres ses choral-cantates . Le programme distribué à l’entrée donnait à chaque participant les textes et musiques des chorals. Première surprise : le concert est enregistré et sortira en CD. Deuxième surprise : tout le monde est invité à participer en chantant les chorals. Nous avons même droit à une répétition : le maestro explique depuis la tribune quand nous devrons intervenir et fait répéter chacune des interventions. J’ai peu de mots pour décrire les sentiments que l’on ressent à reproduire deux cents ans plus tard ce qui se passait du temps de Bach. Les solistes, chœurs et instruments accompagnés par l’orgue auxquels répondent une foule à l’unisson (1000-1500 personnes chantant d’une seule voix !).
Je peux vous confier que j’ai vu parmi nos compagnons de voyage des personnes qui chantent rarement qui plus, est des chorals, se laisser porter et mêler leur voix aux nôtres. Quel moment !
Une petite demi-heure après (c’est court pour reprendre ses esprits), nous entrions dans l’église St Nicolas pour y entendre l’un des plus imposants orgue d’Allemagne joué par le titulaire : M. Wolff. Si nous avons eu une petite réserve sur l’interprétation sage de la musique française, le reste fût éblouissant, nous faisant entendre toutes les possibilités de ce magnifique instrument et finissant en apothéose par une interprétation toute personnelle (tant par les tempi que par la registration) de la fantaisie en Sol de Bach.
Cette journée restera un grand souvenir !

POSTLUDE
Tout à une fin ! Nous voilà déjà sur le retour. Mais nous n’allons pas passer aux portes de Bayreuth sans avoir une pensée pour un autre génie musical allemand : Wagner. Plutôt que le célèbre théâtre créé pour ses œuvres mais assez basique en terme d’architecture, nous choisissons de visiter le théâtre rococo. La façade est déjà imposante avec ses statues grandeur nature. Mais que dire de l’intérieur somptueux ! Les dorures aux volutes exubérantes ! Les peintures allégoriques éclatantes ! Il faut imaginer Wagner créant Tannhäuser dans un tel écrin. Avouons que cela aurait été dommage de ne pas prendre ce temps d’arrêt sur le trajet.

Je vous avais annoncé une coda. Elle prend racine dans cette sympathie créée au sein de notre groupe, ces moments de convivialité autour d’un repas, ces échanges d’expériences musicales partagés entre nous. Dès le moment de se quitter, il nous est apparu indispensable de nous revoir rapidement. Ce fut fait le 27 juin, autour d’une visite de Nolay, d’une descente de cave et d’un repas chaleureux où chacun put admirer les talents photographiques des autres.

Et maintenant ! Si je vous ai fait envie avec ce compte-rendu, suivez l’activité de votre association et n’hésitez pas à nous rejoindre pour les prochains voyages (Loiret en 2010, Belgique en 2011).
Alain PONSOT


Voyage dans la Loire - octobre 2008

Le thème du voyage de cette année était double : un lieu la Loire, une famille de facteurs d’orgue les Callinet.
Prévu initialement au printemps mais repoussé afin de trouver une date compatible pour tous les participants, c’est avec beaucoup de plaisir que nous nous retrouvons pour un prélude, une semaine avant le départ, à Auxonne. En effet, l’église Notre Dame y abrite le premier orgue de François Callinet. Yves Cuenot nous reçoit et nous présente l’instrument et la musique que l’on peut y exécuter. Puis il nous invite à le rejoindre à la tribune pour jouer nous-mêmes. Les premiers morceaux sont toujours difficiles : il faut se lancer mais la qualité de l’instrument sait rapidement faire oublier les craintes. Des anches brillantes, des flûtes enjôleuses, un tutti puissant. La mise en bouche est de qualité.
Le samedi 11 octobre à l’aube, ce sont donc 8 passionnés (une pensée pour la 9ème qui n’a pu se joindre à nous pour des raisons de santé) qui prennent la route. Il n’y a pas de temps à perdre, le premier rendez-vous est à 10h à Renaison. Première surprise en arrivant, il y a des panneaux dans la commune pour indiquer le chemin menant aux orgues. Belle initiative à méditer ! Autre surprise : l’histoire de l’arrivée de l’orgue dans l’église Sainte Madeleine contée par Mme Raffin la présidente de l’Association propriétaire de l’instrument. Acheté par l’Association en 1981 sans aides publiques pour la somme de 50000 Francs, l’instrument a été démonté, transporté par des bénévoles depuis Paris. Tous les présidents d’associations d’orgues peuvent être jaloux d’un tel engagement ! Remonté dans le chœur au niveau du sol, cet orgue construit par John Abbey vers 1870 est dans l’esthétique romantique. Après une brillante démonstration du titulaire faisant entendre la polyvalence de cet instrument, nous nous lançons. Mendelssohn, Vierne, Boellman se succèdent et même Wackenthaler (organiste de la cathédrale de Dijon à la fin du XIXème siècle).
Mais il est déjà temps de repartir car nous devons rejoindre Montbrison, nous restaurer rapidement (certains courageux sauteront même le dessert pour aller jouer !!) et venir découvrir le premier Callinet du week-end. C’est le plus récent des instruments de cette famille que nous visiterons (1839). On parle d’orgue de transition et celui-ci en est un parfait représentant. Si les claviers du Positif et du Grand Orgue permettent de faire sonner remarquablement les œuvres du XVIII° siècle, le Récit expressif nous transporte dans les couleurs du Romantisme. Après une présentation pleine d’humour et d’enthousiasme par Charles Barthélemy le titulaire, nous profitons de ces instants magiques où pour la première fois, l’organiste s’assied devant une console et découvre les sonorités d’un instrument nouveau. Deux heures plus tard, nous voilà devant l’église Notre Dame à Saint Etienne. Construites 5 ans avant celles de Montbrison, ces orgues, après plusieurs modifications aux XIX° et XX° siècles, ont été restaurées à l’identique. Elles sont ainsi l’un des rares témoins de la facture du début du XIX°. Nous avons le privilège d’assister, plus qu’à une démonstration, à un exposé sur l’orgue de cette période, sa facture, sa registration par Jean Luc Perron, organiste mais également musicologue et qui a fait de cette période le sujet de sa thèse de doctorat.
Après les plaisirs de l’esprit, le groupe profite de ceux de la gastronomie et de la convivialité avec pour certains déjà comme une tradition : la dégustation de fruits de mer et ceci quelque soit la région où l’on se trouve ! Après une nuit de repos, la deuxième journée démarre doucement par une matinée libre dans Saint Etienne, le temps pour chacun de découvrir la ville à son rythme.
Le temps de partager un dernier repas de spécialités régionales, nous voici devant l’Eglise Saint Louis. Nous allons y faire une pause dans la thématique « Callinet ». L’orgue qu’elle contient est un instrument très récent (1997) du facteur Denis Londes dans l’esthétique allemande du XVIII°. Nous en profitons pour quitter le répertoire français et aborder Pachelbel, Buxtehude et bien sûr Bach.
Quelques dizaines de kilomètres plus tard, nous nous trouvons au cœur de Saint-Chamond. L’église Saint-Pierre, d’un aspect extérieur assez lourd, permet d’observer en son sein un étonnant plafond à caisson dans le style renaissance italien. Pascal Sabot nous présente l’instrument de 4 claviers construit par Claude Ignace Callinet en 1834 puis il laisse la place à un de ses élèves qui fait déjà montre d’une belle assurance. C’est enfin notre tour : l’occasion de rejouer des pièces de la veille pour découvrir la progression du travail de facture de cette famille qui, après la grande époque pour l’orgue français que fût le baroque, sut faire évoluer ses instruments jusqu’à l’aube de l’orgue symphonique.
Nous voilà déjà sur le chemin du retour, les tympans résonnants encore des derniers accords entendus mais l’esprit déjà tourné vers le futur. Quelle sera la destination du prochain voyage ? Et quel en sera le fil conducteur ? Et si vous y participiez à votre tour ? Quelque soit votre niveau de jeu ? Ou tous simplement auditeur pour le plaisir de découvrir des monuments, des instruments, rencontrer des personnes passionnées et passionnantes.
Alors ! A l’année prochaine !
 Alain PONSOT


LES ORGUES DE NOLAY EN DEPLACEMENT DANS LA DROME
28 avril au 1er mai 2007

A 6h30 précises, le minibus s’ébranle, chargé non seulement des bagages de chacun des participants, mais aussi de nombreuses partitions. Après une brève halte route de Dijon, puis à Nolay, pour embarquer quelques voyageurs, notre véhicule se dirige vers le Sud. Nous effectuons une pause petit déjeuner sur une aire de repos peu après Vienne et quittons l’autoroute à Valence : nous arrivons à Saint Donat sur l’Herbasse, but de notre première étape. Nous y sommes accueillis par Michel ROBERT, titulaire des orgues de la Collégiale de ce village, et son épouse. Comme il est bientôt 12 heures, ce dernier nous conduit vers un restaurant à l’aspect très avenant. L’accueil y est sympathique et la cuisine de bonne facture. Aussitôt le repas terminé, nous cheminons dans les ruelles en direction des orgues Curt SCHWENKEDEL. La pente est raide, mais au sommet nous découvrons le palais delphinal et le cloitre. Le temps est clair, la vue est magnifique. Après un bref descriptif de l’instrument, Michel ROBERT se met aux claviers et pendant une demi heure, nous avons droit à un récital privé avec Toccata Adagio et Fugue de BACH, une Fantaisie de MOZART et les légendaires Litanies de Jehan ALAIN (œuvre au programme de l’option musique au Baccalauréat). Puis nous accédons à la tribune. L’orgue est d’esthétique allemande avec ses tourelles de pédales encadrant ses deux buffets centraux, les tuyaux de façades sont brunis. Les musiciens peuvent alors jouer l’instrument sous les conseils du titulaire. Ainsi peut-on entendre tour à tour BACH, PACHELBEL, LANGLAIS, BUXTEHUDE (dont un choral fugace)... Notre visite se termine par une improvisation fabuleuse de Michel ROBERT.
Encore sous le charme, nous rejoignons notre minibus pour nous diriger aussitôt vers Saint Antoine l’Abbaye, aux portes de l’Isère. Ce village médiéval au passé prestigieux abrite en son sein une imposante église abbatiale considérée comme le fleuron gothique du Dauphiné. Nous y sommes accueillis par le co-titulaire de l’orgue, Patrick BARNERON. Comme nous sommes en avance et que se déroule un office, nous en profitons pour cheminer à travers les venelles de ce charmant village. Puis vient l’heure tant attendu de l’accès à la tribune. Accès d’ailleurs périlleux puisque nous devons franchir une passerelle faite de bastings instables. Gare au vertige ! Mais de ce promontoire nous pouvons tout à loisir admirer cet édifice long de 62 mètres. Aussitôt, les organistes sortent leurs partitions (GEOFFROY, NIVERS, DU MAGE…) et après avoir joué chacun y va de son commentaire. L’orgue est d’esthétique française du XVII° siècle du facteur SCHERER magnifiquement restauré par Bernard AUBERTIN. Le maître de lieu nous joue son orgue avec passion et achève son audition avec l’Offertoire sur les Grand Jeu de la Messe des Paroisse de François Couperin Malheureusement le temps passe vite et vient le moment où commence un autre office. Nous quittons les lieux à regret et après avoir retraversé ce bourg tranquille, nous repartons vers Valence où nous attendent notre hôtel et le restaurant. Tout le monde apprécie le buffet d’entrées même ceux qui normalement suivent un régime.
Le lendemain matin vers 9 heures, départ pour le centre de Valence où nous devons assister à la messe. Nous sommes accueillis par Michel ROBERT qui officiera à l’orgue.de la cathédrale. Tous les participants sont subjugués par sa magistrale improvisation à la sortie de la messe. (Orgue d’esthétique française XVIII° siècle restauré par KOENIG que les participants joueront en début d’après midi) Puis le groupe après les nourritures célestes, part à la recherche des nourritures terrestres. C’est non loin de là que nous trouverons un restaurant fort sympathique où nous nous attablerons sur la terrasse pour profiter du beau temps et déguster les vins des Côtes du Rhône. Après une promenade digestive dans les rues piétonnes (maison des têtes), nous nous approchons de l’église Saint Jean qui possède un orgue du célèbre facteur Aristide Cavaillé Coll. Après les explications de Michel Robert et une brève interprétation de ce dernier, les volontaires peuvent donner libre cours à leur talent en jouant l’instrument. L’accès est délicat avec des escaliers étroits et rustiques. La visite terminée, nous faisons une halte à CRUSSOL où les plus téméraires monteront jusqu’aux ruines du château. De ce belvédère, la vue sur la vallée du Rhône est magnifique. La nuit approchant, il est alors temps de repartir vers le restaurant puis vers l’hôtel pour un repos bien mérité.
Lundi matin 9 heures, départ pour Montélimar dans le but de visiter les orgues de la Collégiale Sainte Croix. Après avoir été reçu par un amateur éclairé, élève de Fabienne MEDIRIO, titulaire des orgues BECKERATH, chacun ressort ses partitions et interprète quelques œuvres. Orgue de même esthétique que Saint Donas mais avec des tourelles de pédale en avant de la tribune. Nous y entendons BACH, BUXTEHUDE, PACHELBEL… Mais rapidement, il est temps de partir. En effet, un facteur d’orgues, Pierre SABY, nous attend pour déjeuner dans un restaurant somptueux à Sarras puis visiter son entreprise. Nous apprécions l’accueil chaleureux dans cet atelier où chacun des employés nous explique son travail avec passion. Toutes les pièces des instruments sont pensées et fabriquées sur place et nous ne pouvons qu’admirer l’ingéniosité et la minutie de ces artistes capable de construire un instrument si complexe. Notre Président a le privilège jouer un instrument terminé et prêt à partir pour la Sicile. Ne voulant pas perturber plus longtemps la quiétude de ce lieu, nous prenons congés. En traversant Tain l’Hermitage, nous faisons une halte à la chocolaterie Valrhona où les gourmands peuvent déguster à satiété moult catégories de chocolats. De ce fait, pour la majorité d’entre nous, le repas du soir fut des plus frugal même après une promenade apéritive et frisquette sur les hauts de Saint Romain de Lerps où nous pouvons admirer dans un regard circulaire à la fois les Alpes et le Massif central. 
Après une nuit reposante, nous reprenons le chemin du retour par les Côtes vineuses du Rhône en faisant halte à Vienne puis à Lyon. En début de soirée, chacun retrouve son foyer, certes un peu fatigués mais la tête emplis de magnifiques souvenirs musicaux, gastronomiques accompagnés d’incessants fous-rires. 
Yves MICHELLON